Trois nouvelles études révèlent l'intérêt de l'aspirine dans la prévention et le traitement des cancers.
L'aspirine joue un rôle positif dans la prévention, mais aussi dans l'évolution du cancer.
Dès 2007, les travaux du Pr Peter Rothwell (université d'Oxford) indiquaient une réduction globale par l'aspirine du risque à long terme de décès par cancer. En 2010, il avait démontré cet effet bénéfique d'abord pour le cancer colo-rectal, puis pour d'autres tumeurs - prostate, estomac, poumons, pancréas… Cette réduction globale de la mortalité par cancer était encore plus élevée lorsque la durée de la prise quotidienne d'aspirine dépassait cinq ans.
Restait à consolider ces données et savoir si le même bénéfice se faisait aussi sentir à plus court terme.
Dans la première étude, l'analyse des dossiers médicaux de 77.549 patients inclus dans 51 essais de prévention cardio-vasculaire(1) montre que l'aspirine diminue globalement le risque de décès par cancer chez les patients traités par rapport aux témoins. Dans 6 essais de prévention primaire des accidents cardio-vasculaires par de faibles doses quotidiennes d'aspirine, la survenue d'un cancer est réduite d'environ un quart durant les 3 premières années du traitement.
La deuxième étude porte sur la survenue de métastases au cours de cancers diagnostiqués durant 5 essais de prévention des accidents cardio-vasculaires par de l'aspirine à la dose quotidienne de 75 mg. Le risque de cancer avec métastases à distance a été réduit de 36%.
Cette réduction est particulièrement forte (46%) pour les adénocarcinomes, les formes les plus courantes des tumeurs solides (côlon, poumons, prostate… notamment), plus faible pour les autres formes de cancer. Elle est indépendante de l'âge et du sexe.
La troisième étude s'intéresse à l'effet préventif de l'aspirine sur les métastases. Elle confirme la réduction des métastases pour plusieurs cancers étudiés (colorectal, œsophage, estomac, sein…).
Pour le Pr François Chast (Hôtel-Dieu, Paris), «après avoir reconnu successivement les vertus de l'aspirine en rhumatologie puis en cardiologie, on se dirige de façon quasiment inéluctable vers la reconnaissance de l'intérêt de l'aspirine dans la prévention des cancers. Les résultats deviennent significatifs à partir de la 3e année à dose élevée, de la 5e année pour les faibles doses, ce qui est assez rapide, et l'étude confirme la nécessité d'une prise quotidienne».
Mais il n'en faut pas moins garder à l'esprit les limites de ces études : «Elles ont été réalisées à partir d'études de prévention cardio-vasculaire, donc pas conçues par des cancérologues.
Par ailleurs, il ne faut pas négliger le risque d'hémorragie digestive avec l'aspirine. On peut le réduire significativement en traitant ces patients pour éradiquer la bactérie Helicobacter pylori (cause des ulcère d'estomac), ou en ajoutant au traitement un inhibiteur de la pompe à protons pour limiter le risque d'ulcère.»
Professeur Chast «ces résultats sonnent comme le printemps d'une nouvelle approche en cancérologie. »
«Malheureusement l'aspirine est quasiment un médicament orphelin, qui ne bénéficie pas de l'intérêt, du soutien d'un industriel pour faire avancer sa cause auprès des autorités du médicament. C'est peut-être sa principale faiblesse…»
(Pas assez chère voyons, donc critiquée et déconseillée depuis de nombreuses années !)
Source Le Figaro santé
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